Yaël Braun-Pivet: "Les Français veulent faire bouger les choses"

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Yaël Braun-Pivet: "Les Français veulent faire bouger les choses"

Yaël Braun-Pivet: "Les Français veulent faire bouger les choses"

De son passage par le Var en février dernier, elle a gardé un excellent souvenir. "J’ai eu des échanges très intéressants", assure Yaël Braun-Pivet, qui le plus souvent possible vient à la rencontre des Français dans leurs régions.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’écriture de ce livre?

Le déclencheur, c’est la période post-dissolution. On s’est rendu compte que tout pouvait s’arrêter en une fraction de seconde. Que là où vous pensiez avoir du temps devant vous, finalement vous n’en avez pas tant que ça. C’est aussi la notoriété que j’ai eue qui est devenue plus importante, des gens qui me disaient: mais en fait, on ne sait pas qui vous êtes, on ne vous connaît pas, on ne connaît pas votre parcours. Donc j’ai eu envie de raconter un peu qui j’étais, et en même temps de faire rentrer les gens à l’Assemblée nationales. Elle a une place de plus en plus importante dans notre vie politique. Les Français la connaissent mal. Je pense que c’est une vraie importance démocratique de rapprocher les Français de leur institution.

En écrivant ce livre, vous êtes replongée dans votre parcours. Est-ce qu’il y a eu des dates importantes, des étapes déterminantes?

Ce qui est le plus déterminant, c’est quand Emmanuel Macron lance En Marche et que je décide de m’engager dans ce mouvement là où j’habite. Et là, c’est vraiment ça qui signe mon entrée en politique. Je ne m’engage pas pour faire de la politique, mais simplement pour soutenir un projet qui m’apparaît très progressif. C’est vraiment le tournant dans ma vie. Après, les grandes dates, c’est évidemment mes deux élections au Perchoir, qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais qui ont été des moments décisifs.

Quelle est la place de vos origines et de votre histoire familiale dans ce parcours?

Je crois que l’histoire familiale, ça montre la capacité que l’on peut avoir dans notre pays à construire son parcours. Et que ce parcours, il peut aller jusqu’au plus haut et que rien n’est interdit, rien ne devrait être interdit à personne, quelles que soient ses origines, qu’elles soient géographiques, sociales, etc. C’est vraiment l’essence de la promesse républicaine et je crois que ça a de l’intérêt de raconter qu’on peut arriver à être la quatrième personnalité de l’État sans être une héritière, sans être quelqu’un qui est nécessairement bien né. Je crois que ça peut donner de l’espoir à d’autres. La façon dont j’ai été élevée m’a permis d’être extrêmement tenace, de ne jamais me décourager, d’être audacieuse, de prendre mon destin en main et c’est peut-être grâce à ces enseignements que j’ai reçus de ma mère, de mes grands-parents, etc., que je n’ai pas cédé à certaines injonctions à des moments de ma vie politique qui auraient dû me faire renoncer. Je pense que si j’avais cédé à ces injonctions, il n’y aurait jamais eu de première femme présidente de l’Assemblée nationale.

Vous en faites état, dans le livre, de critiques parfois violentes qui vous ont été adressées...

Au début, c’est déstabilisant, ça vous heurte, ça peut même vous affecter et ça m’a affectée. Et puis après, vous construisez une carapace, vous devenez un peu plus dur, vous faites moins attention. Si vous êtes cohérents, si vous avez des convictions, si vous savez pourquoi vous êtes là, pourquoi vous êtes en politique, ça vous aide à résister et ça vous aide à survivre à toutes ces pressions. Je pense qu’en fait, plus vous avez un cap clair, plus c’est facile de faire de la politique et d’avancer.

Vous parlez aussi des institutions dans le votre livre...

Je pense que la Ve République est absolument remarquable. Elle est très protectrice, elle donne des institutions solides, qui permettent de s’adapter à toute évolution politique et aux pulsations de la nation tout en permettant de tenir quoi qu’il arrive. Je ne suis pas du tout pour une révolution institutionnelle. Au contraire, il nous faut conserver ces institutions qui nous permettent d’avancer quoi qu’il arrive. En revanche, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas les améliorer, qu’il ne faut pas les modifier, mais je ne modifierai certainement pas les grands équilibres qui ont fait leurs preuves et les font encore aujourd’hui. Je pense qu’il faut plus de démocratie représentative.

D'après vous, aujourd'hui, qu’elle est la plus grande menace qui pèse sur notre démocratie?

C’est la menace aujourd’hui populiste. On voit que de plus en plus d’hommes et de femmes politiques, qu’ils soient dans les camps extrêmes ou pas, commencent à nous dire que la volonté du peuple doit être supérieure. La démocratie, ça n’est pas la volonté de 50,1% des gens. Ça n’est pas ça. Nous avons des lois, des libertés, des principes qui nous sont supérieurs, finalement, et qui sont notre bien commun. Et donc, prenons garde pour poursuivre des objectifs politiques à très court terme de ne pas mettre en danger ce bien commun. Ce bien commun, ce n’est pas théorique. C’est la liberté d’expression. C’est la liberté de la presse. C’est l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est la liberté de culte. C’est la liberté de manifestation. C’est tout cela, notre bien commun, qui doit être préservé auquel il faut vraiment faire attention, parce que je vois que, insidieusement, il y a des attaques sournoises qui s’effectuent et qui pourraient nous emmener dans des travers dont nous ne remettrions pas.

Que retenez-vous de vos déplacements réguliers dans les territoires de France?

Ça me permet, en étant en contact avec les gens de retrouver l’essence de la politique. À l’Assemblée nationale, on est avec des élus, on discute de dossiers, on est sur des textes... C’est une politique un peu distanciée. Or, la politique, c’est être sur le terrain et c’est aimer les gens. Ces déplacements partout en France me permettent d’être sur le terrain, de discuter avec les Français et de toujours mieux les comprendre et de mieux sentir les choses. Après, ça me donne beaucoup d’énergie parce que je vois à quel point les Français, partout en France, se retroussent les manches. Partout en France ont des formidables initiatives, ne restent jamais les deux pieds dans le même sabot et veulent faire bouger les lignes, que ce soit dans le monde agricole, dans le monde médical, dans le monde public, sur les violences faites aux femmes... Et ça dénote parfois avec le discours ambiant qui est assez morose et qui est assez pessimiste sur un effondrement de notre pays. Je peux vous dire qu’en sillonnant la France, cet effondrement, moi je ne le vois pas. Je crois qu’il faut arrêter de regarder le verre à moitié vide, mais plutôt regarder tout ce qui va bien et faire en sorte que ça aille mieux. Mais plutôt en ayant conscience des forces qui sont les nôtres, plutôt que de mettre tout le temps l’accent sur nos faiblesses.

Nice Matin

Nice Matin

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